jeudi 27 novembre 2008

Torture...



Je porte bien mes séquelles… ma peau prend goût à ta torture, quand tracent sur mes poignets tes ficelles et s’enfle ma lèvre de tes morsures…

Je me repens de mes objections dès que tu rengaines tes armes… dès lors, avide d’affliction, j’en redemande de tes assauts rébarbatifs… blesse-moi ! Tire sur mes tiffes et écorche moi de tes lames…

Viens qu’on s’escrime ! Toi de ton fleuret, moi de ma langue… pourquoi se contenter de s’effleurer si l’on peut se fêler… en fêlures sur ma peau qui s’impriment et en fellation qui de mon corps exprime le besoin de mater le Mustang…

Ce fou qui m’entraîne dans une chevauchée fantastique lorsque je crois le dompter et qui triche à me brouter la friche quand je pense le monter...

Je porte bien mes séquelles… je cicatrise plus rapidement de l’orgueil que du corps et, infidèle, je m’en viens chercher sévices auprès de mon Marquis qui m’endeuille les jours où je n’étais pas esclave de son stupre cruel…

Je me découvre une vie en violet quand tu vois rouge… et les bleus se dégradent sur ma chair en féerie de maux tendres que je réclame assommant de douleur, infiniment bariolés… mate ma mobilité… que j’aime à être rouée de tes coups et couleurs des fois que je bouge !

L’amour n’est alors que douleur qui livre la mort en petites doses et la volupté ne survient qu’à l’overdose, lorsque tu m’étripes et arroses mes brûlures de plus acide que l’eau de vie… plus lénifiant que l’eau de rose…

Je porte bien mes séquelles… telles ces marques de chaînes sur mes chevilles qui me rappellent les nuits où tu me confines au froid de ton absence, et où je me recroqueville en me gavant le cœur d’espérance de souffrir ton fouet plutôt que cette glace qui punit ma nudité et me flagelle…

Je soigne à peine mes entailles, prête à accueillir ton arme qui me rifle… jamais la même, une dague, une lame, une main qui me gifle… puis une nuit d’amour en représailles…

Quand tu me fais autant de bien que de Mal et que je Râle de plaisir, j’aime à le dire ! et ce soir en écrivant ces maux sur ma peau que tu tapes, survient la faute de frappe et sur mon corps c’est toi qui R et moi qui M…

Waaayli SM…

mardi 18 novembre 2008

Conte à remous... 0




Je ne l’avais jamais vu mais il n’ignorait rien de ma vie… il connaissait mes aïeux, mes faiblesses et mes péchés… il était là à mon baptême et à l’éclosion de mes problèmes… il guettait mes chutes quand je semblais déchoir et ne s’impatientait nullement de me voir reprendre l’envol… il étudiait ma peine et jaugeait ma haine afin d’évaluer mon désespoir… il attendait ma descente et cette nuit là mes globes s’étaient asséchés…

Je sus alors qui il était… ce mythe, mi-homme mi-mal, qui n’avait des mâles que l’apparence mais qui savait de l’homme ses faiblesses… un marchand de rêve qui négociait les bonheurs et contractait le butin de pactes de Méphistophélès…

Je lui offris alors ma bouche pour en sceller un de plus… Il était venu à moi à visage découvert et ce sûrement pour me signifier ma perte… Mais il se refusa à moi me larguant au désarroi… J’immolais mon âme sans remord et le Diable n’en voulait pas…

Il me conta alors des comptes de faits… il me parla des diables qui se sont succédés sur le trône de Lucifer… il n’y en avait pas un seul mais plusieurs… tous des hommes avilis par la vie, corrompus par des hommes et initiés par des antécesseurs…

Un Diable se repaît d’amoralité… il s’exalte des siècles de vice et se désaltère de peines jusqu’au jour où il s’altère d’avoir tant épandu la haine et aspire à la mort pour abroger ses sévices…
La nuit du sacre, le Diable cède sa vie et les milliers d’âmes asservies… il transmet son pouvoir et son immortalité…

Le tout est de trouver l’héritier qui ne serait pas qu’épigone… qui ayant souffert de ce bas monde troquerait le monde pour plus bas…
Il me dit alors m’avoir trouvée et savoir ce qu’en vaut l’aune… foi détruite et cœur rêche… j’avais du Diable le don du mal et contre les mâles une dent rageuse… les femmes n’étant que côtes mal taillées, n’étaient pas proies de taille…

Je me défendis contre sa certitude et énumérai mes bontés et mes noblesses, mais il me coupa pour me signifier la légèreté de la foi face au joug de la détresse…

Et je n’avais pas le cœur à débattre ni les tripes pour le contredire… quand il me prit la main je la lui donnai sans énergie pour qu’il la déposât sur son visage… soudain, sous mes doigts, ses traits se ravinèrent, sa peau s’assécha… il me regarda dans les yeux pour la première fois et je vis dans ses pupilles ce qu’il cachait aux mortels… une flamme veilleuse des feux communs de l’enfer… je la regardai, éprise et captive, jusqu’à ce que je la vis s’éteindre…

Je la vis pourtant revenir, plus forte… follette, presque incendiaire… mais ce n’était, sur ses yeux, que le reflet des miens… je fus baptisée Diable à mon insu… et il redevint humain, repu de la vie, content de l’obole qu’il reçut…

Il m’ôta tout espoir de rebrousser chemin en mourrant sur mes bras… il me légua son âme ainsi que armes… et je m’en vais avec, moi, la Maure à lames…

Conte à remous... 1





Mes jambes frêles fléchissaient sous le poids du désespoir, alors je m’assis sur le sable… il absorba ma force quand je m’effritai en grains de passé décomposé en présent à ces vagues qui mouvaient leur sable et mon histoire pour me graver sur les pans de Mer tel un dessin en voie de s’emboire…
Mes oreilles me ramenaient les chants d’antan, où les voies s’entremêlaient en échos de râles et de cris arborant, dans mon esprit, des chemins interdits… ceux qui se retrouvaient à l’enfance de mes jougs… là où le mal prit naissance…

Je ne pus donc ouïr la doléance du monde qui écopait en dehors de ma sphère… et pour dire ma véritable insouciance, je n’avais plus pour ce monde que l’intérêt mineur qu’aurait pour la forge un être tiré du néant dans les feux de l’enfer… je n’écoutais plus que l’incantation du sang qui coulait, sur mes tempes, ma vie épave… symphonie désormais sans propriétaire…

Ce fût donc sans surprise que je le retrouvai à mes côtés… cet individu atone à la présence transparente… je n’avais pas l’humeur insistante, je ne m’attardai donc pas à sonder ses vérités… il ne s’était pas approché de moi, à croire qu’il émergeait de mes côtes… il se trouvait là où je ne pouvais lui reprocher de m’envahir… si proche que je sentais son pouls défaillir et pourtant si lointain que j’éprouvai le besoin de m’en approcher… il était silencieux et impassible mais j’obéissais à sa volonté…

A quelques travers d’esprit de lui, il était déjà dans ma tête… il lut ma vie comme on feuilletait un énième recueil sans intérêt… mes peines ne paraissaient nullement le tourmenter et même qu’il en semblait satisfait… un de plus à qui les fêlures de mon âme ne faisait qu’équarrir l’indolence… et une déception encore pour me dégoûter de mon impénitence… je me taillai donc à vive arête…

Mais nul geste n’emboîta le pas à ma révolte… seule mon âme était restée mienne alors que mon corps et ma volonté lui vouaient obéissance… je le regardai de face pour me défaire de son emprise mais il me refusa clairement obédience…

Alors pour une fois je pris le temps de le voir… il n’avait en lui rien d’attirant et pourtant on ne pouvait qu’aspirer à se lover contre sa puissance… un visage quelconque, des lèvres bleutées et une toison rebelle chamarrée, sur son torse, d’ébène de jeunesse et d’éclat de sénescence…

Il avait un teint frais, une douce senteur d’herbes et un air serein… seuls ses cernes creusées rembrunissaient le scintillement de ses yeux et m’annonçaient sa fin… il ne me regarda pas mais me communiqua silencieusement son dessein…

lundi 17 novembre 2008

Conte à remous... 2




Il y a des soirs comme ça où Morphée cède au combat qu’il me mène et s’en va trimballer ses formules soporifiques loin de mon esprit récalcitrant… en gâchant sa misanthropie je finis par l’assommer…

Des soirs comme ça, mon âme est aigre douce… lasse de haïr ou d’aimer, d’abhorrer l’amour ou d’aduler ma haine, je m’en vais caracoler avec la solitude… on roucoule la nuit pour se séparer à l’aurore dans la précipitation des amateurs de l’éphémère, on flirte sans jamais se prendre compagnes sinon la solitude ne serait plus présente… et je ne serais plus conjugable…

Ce soir là je n’avais le cœur à rien et peut être n’avais-je plus de cœur ayant rencontré la mort au matin… une infâme douleur d’un doux leurre de femme… où l’homme s’était fait l’assassin… je fuyais ainsi l’homme, le leurre, la lame, la douleur et probablement moi-même…

Je sortis habillée de blanc dans l’espoir d’être prise pour étoile par le jais de la nuit, qu’elle me vire au loin, pour hanter les hommes sans jamais leur appartenir… me perdre moi-même sans graviter sur autre orbite que celle de mon nombril et m’acculer loin des hommes et du temps pour revenir en constellation, reluire dans les cieux et n’être vue que dans très longtemps…

Je ne pris aucun chemin… je me laissai prendre par ces convulsions qui, en paralysant la raison, mènent jusqu’au fin fond de l’être pour l’avoir… et j’avais besoin d’avoir ma vie et mon sort en main… être seul auxiliaire de mon avancée, ne m’accordant qu’à mon destin…

Je me retrouvai au bord de la mer… cette inconnue qui séduit tant les mortels… un maléfice océanide sûrement… je voulus baigner dans son ventre comme je l’avais fait jadis dans celui de Mère, mais je ne voulais pas me couper du monde et je n’avais pas de cordon… moi je ne m’extasiais pas de ses déferlantes… j’étais dense, elles étaient vagues et échouaient en écume sans consistance… je restai donc sur terre, sèche à prendre sur mon visage l’humidité d’un sortilège sans charme…

Je restais ainsi figée du corps, mais palpitant du cœur et trépidant de l’esprit comme on prononce haut sa vie lorsqu’elle s’est tue… dans un dernier sursaut de survie…

Le froid ne m’atteignait plus… j’avais le corps hermétique et le cœur glaceux… j’aurais pu givrer l’air qui me défiait en toute impunité de sa fraîcheur naïve tellement je pouvais sourdre l’indifférence… ma peau ne m’était plus chère… elle n’était plus que chair couvrant une dépouille animée d’un souffle algide… je n’étais pourtant pas femme qu’on jugeait frigide… éclosaient même en moi des bourgeons de flammes… mais ne s’épanouissait pas de feu incendiaire… ma langueur devenait délétère et vouait mes passions au suicide…

lundi 10 novembre 2008

Danse avec moi...





Trace sur ma peau des mots invisibles, des lettres de feu… discours tactile… quand tu empoignes ma taille dans tes mains, le pouls nerveux, le souffle fragile…

Quand haletant, tu m’insuffles ton vent qui me fait virevolter telle un bout de lettre d’amour soulevé par ta passion… et je vole et je glisse langoureuse sur le Do en espérant voir ta clé de sol ouvrir le bal dans une danse où tu es maestro… et où je suis religieusement les caprices de ta baguette…

Et des fois que je prends les commandes pour déchaîner le rythme j’aime à te voir pâmé devant ma révolte… et j’aime à être panée de tes regards enflammés… j’attends que tu renverses le pouvoir de ma tyrannie qui s’affaiblit pour reprendre sur moi les droits du maître et me céder quand, moi l’apprentie, je me convertis Maîtresse…

Danse avec moi… avec toi la danse est émoi… avec moi la danse est autre… peu importe le tempo ou la parole quand tu viens baigner ton Rock dans ma Salsa… les rythmes s’égalisent, les notes s’entremêlent et tous nos membres avec… et nos peaux humides de sueur se choquent et s’électrisent…

Fais de moi ta guitare, prends moi Piano et je me servirai de ta trompette pour accompagner le soprano de ton gémissement qui se fait aigu quand l’heure est grave… je suis décibel et bien décidée à te rendre le désir sourd et l’envie crescendo d’accompagner mes sorties et mes bals…

Et si sur un rythme Ragga, tu n’en peux plus de simuler l’amour quand tu peux le faire et si je m’en vais sans m’en faire à la fin de la musique, sache que je ne t’ai nullement allumé… que je t’ai tellement joui à la fin de chaque morceau que l’emporte l’alchimie sur le physique...


lundi 3 novembre 2008

Les promesses du vendredi...

A 6h du matin déjà, je n’en pouvais plus ! Je me suis levée, le cœur au tempo crescendo… il tambourinait d’un rythme vertigineux et déchaînait la cadence de mes doigts qui pianotaient à côté du réveil, en espérant chanceler le temps pour me propulser dans le futur très proche… car ce soir c’est vendredi soir… et le vendredi tous les rêves sont permis…

Je me suis échappée du lit presque en volant…
« Le sol est de connivence » ai-je pensé en souriant…

Je n’avais pas dormi hier.
En me prêtant aux dernières folies d’une amie, j’avais dansé toute la nuit en me gardant de dépenser quelque sensualité loin de lui… tous ces regards que j’éludais en fermant les yeux, tous ces effleurements qui me faisaient prendre la tangente, n’étaient que pour nourrir l’envie croissante, pressante d’être avec lui…
Je m’endormis donc à peine, ou même pas du tout…

Un simple trait noir pour contenir la flamme que j’ai aux yeux à me remémorer la promesse… et pas de rouge avant d’avoir la certitude de le voir disparaître par ses soins…

Je n’ai pas beaucoup parlé durant le trajet Mohamedia-Casa… le temps ne se prêtait pas au radotage et le cœur n’était pas aux aveux. Mon amie, souffrante de rhume et d’amour propre m’a virée de sa voiture en pestant contre les caprices du temps et ceux de mon boulot qui exige que j’y sois à 8 h tapantes…

Encore 12 heures à purger avant de le revoir pour me panser les fêlures de son absence qui me sévissaient les pensées…

Une journée de travail où j’ai été patiente en prodiguant des soins, n’attendant en remède qu’un signe de lui…

Un papillon s’est amusé à me chatouiller les entrailles en virevoltant autour de mon cœur enflammé… il s’est brûlé au souvenir de notre premier baiser… un autre est née juste après quand j’ai dû céder mon esprit à la responsabilité d’un travail… j’en ai pourtant brûlé des centaines…

J’ai à peine grignoté pendant ma pause déjeuner essayant de garder ma faim intacte… je ne boirai que lui…

Il est 19h30 et je suis sur le point de terminer ma journée infernale pour m’en aller à Géhenne… ce soir je me brûlerai entièrement, j’ai besoin de me réduire aux cendres de sa passion pour renaître plus femme…

Mon cœur reprend son tempo effréné mais cette fois-ci les notes se jouent sur un « MISOLSIREFA » inquiet… la sonnerie amoureusement liée à ses initiales se refuse à moi, ignorant la contraction de mon visage…

J’entends les blagues de mes collègues sans écouter, leur offrant d’un moment à l’autre un sourire contraint… puis n’en pouvant plus, je sors…

Un taxi me ramène chez moi sous une pluie qui démarre à peine… je la vois mouiller le sol, les voitures, les hommes, embouteiller les boulevards, boucher les issues, taire le téléphone… non ?
Et puis moi qui suis de nature frileuse, je me vois bien dans de beaux draps…

Il est 20 h 20 quand j’aperçois la prière silencieuse dans les yeux du chauffeur désespéré… il ne peut aller plus loin… je m’arrête donc là, de toute façon je n’ai qu’à marcher 5 minutes pour rejoindre mon lit et me consacrer à mon attente…

Je n’ai pas de parapluie et ayant découché la veille, je ne porte qu’une légère veste sur un bien frivole débardeur… le froid me punit…

J’avance dans la rage des automobilistes et l’effarouchement des belles dames brushinguées des salons de Maarif, animée par un espoir devenu tellement infime que j’en perds la hâte de rejoindre ma solitude…

Je me rends compte de l’effort que je fournis pour me procurer quelque chaleur pendant que j’avance sous une pluie devenue torrentielle, je libère alors mes muscles de leur contraction inutile et accepte la douche froide du rencard raté…

J’avance doucement dans les flaques d’eau et la course des gens en prenant le temps de scruter le décor et de rincer ma peine… mes cheveux sont déjà complètement lavés quand la pluie force la barrière de mon vêtement pour me toucher le dos et couler sur mon ventre…

J’entends siffler quelqu’un… quelques jeunes garçons cachés du flot doivent trouver le spectacle curieux…

Je commence soudain à avoir les idées en désordre, je me lance dans une hallucination consciente où des images de lui viennent s’imbriquer au décor actuel tandis que sa voix rejoint la vocifération céleste…

« Tombe la pluie… tu ne viendras pas ce soir » répète Adamo en musique de fond…
Ne sachant soudain plus où je vais, je m’arrête sous la pluie pour offrir mon visage au ciel qu’il me lave de ses larmes… mon sac tombe par terre et mon pc le rejoint aussitôt…

Le peu de conscience qui résiste m’indique que je suis à quelques mètres de ma maison et pourtant je ne fais aucun pas pour rentrer.
Et c’est là que le ciel cesse d’un coup de me tremper, je le vois pourtant continuer à tempêter autour de moi…

Dans un ultime éclair de lucidité je sens la proximité d’un être inquiet à côté de moi qui me couvre d’un gros manteau et porte mes sacs… j’émerge de mon délire pour essayer de reconnaître cet homme soucieux qui m’appelle par mon prénom :
Mon voisin… tiens…

Je lui souris pour le rassurer quant à mon état et me laisse évanouir dans ses bras…
Quand j’ouvre les yeux, peut être un siècle plus tard, je le vois se pencher sur le lit où je couche nue… sa main glacée sur mon visage dérange ma fièvre me livrant ainsi à un accès de frissons insoutenables… je reconnais à peine le goût à la fois saumâtre et amère de la paracétamol dans le breuvage qu’il me sert et je m’en reviens immerger dans mon absence…

En fermant la porte de la pièce derrière lui, il entend retentir une douce sonnerie dans mon sac… il est au moins minuit…

Récupérant mon téléphone dans mon sac, il attend de voir disparaître des initiales de l’appareil pour le mettre sous silence et le remettre à sa place…
Il rejoint son sofa et, une bière à la main, il entame une séance de zapping devant sa large télé au son amplifié tandis que mon appareil tu se remet à vibrer rageusement dans mon sac…

Il sonne… sonne… sonne…