
On ne saurait prédire l’amour à la folie,
Le cœur a ses raisons que la raison ignore,
Ni quand survient cette aigre douce mélancolie,
L’amour à déraison que la raison déplore…
Et tel un alliage de chardon et d’ancolie,
La beauté est pique et l’épine est indolore…
Et je ne sais par quel sortilège tu me lies
D’un béguin mortel qui te conjugue à mon sort…
Moi qui, de nuit, suis souvenance de ton oubli
Et m’oublie à ton souvenir jusqu’aux aurores…
Je ne rêve que de t’avoir au pied de mon lit
Pour avoir mon pied lorsque Morphée s’endort…
Très cher tourment, ma douce folie est si jolie
Que m’aliéner me donne bonheur et, pis encore,
Mes sens sont bons et le bon sens me démolit…
Je meurs d’amour à vie plutôt que vivre la mort…
