mardi 14 octobre 2008

A l'enfance de mes amours... (3)


Une avalanche ! Un torrent de douceurs me retourne la mémoire pour réveiller les mille et un frissons qui me sommeillaient sous la peau ! Je balaie la ruelle des yeux pour chercher celui que je crains de voir… ma déception est énorme quand je ne l’aperçois pas…

Je m’approche presque en courrant… ne l’avais-je, d’ailleurs, pas toujours fait ?

Je me présente, les salue et les plonge tout de suite dans des lacs de souvenirs que j’ai sauvegardés de mon passé quand le reste s’est évaporé sous l’incandescence de mes présents…

Edu a le regard glaceux… malgré le beau bleu qui loge dans ces larges paupières, un léger givre de dureté lui gâche le regard !

Pourtant, en lui évoquant les scènes où je subissais, plus méchamment que les autres, ses frasques puériles, il finit par avoir aux yeux un éclat parfait ! Il se retourne vers sa mère et lui dit, presque ému :
« L’arabe de David ! »
Encore une explosion de rose de la sorte dans mon cœur et j’impose la dictature de l’amour au monde… on se souvenait donc de moi et on m’évoquait ne serait-ce que pour railler les innocences de nos béguins !

Dans les yeux gris de sa mère, une émotion forte bigarre les stries de ses iris… je la vois me consommer des yeux dans une avidité que je ne comprends pas... les infimes ridules qui se sont creusés sur sa peau laiteuse s’accentuent pour graver sur son visage l’expression d’une prière que je ne saurais décliner…

Dès qu’elle m’invite à prendre un café à la maison, je lui souris pour lui communiquer ma gratitude et lui ôter cette appréhension qui accompagne son ton… je ne puis la lui reprocher, ayant moi-même craint de me voir repoussée par un élan raciste ou fanatique…

22 ans de vie passée pouvaient bien se raconter autour d’un café… les siècles de rancœur qui nous séparent, par contre, doivent demeurer tus…

Sur la route de la maison, Edu se rappelle de ses bêtises et rit de bon cœur ! Je lui rappelle comment j’étais la petite protégée de son frère dans l’espoir qu’il me parle de lui mais il n’en fait rien ! Il continue à raconter ses vilenies sans l’once d’un remord !

Je leur parle espagnol et ça les ravit ! Je n’ose pas leur dire que le « Porque » de David avait germé dans mon esprit pour enfanter un énorme vocabulaire que j’ai cultivé avec amour… je le lui dirai en personne…

Je me met soudain à essayer d’imaginer David aujourd’hui ! Est-il bel homme ? Est-il marié ? A-t-il des gosses ? Me reconnaîtra-il ? Sera-t-il content de revoir sa « petite arabe » ? Se rappellera-t-il, avec autant de joie que moi, de notre passé composé ?

Un tas de questions impatientes qui ne se sont jamais imposées à moi… J’ai pourtant une certitude : tous ces chatouillements que j’ai au cœur à chaque implosion de souvenirs, je les aurai encore dans des dix et des vingt ans… peu importe comment je serai reçue par lui… peu importe si nos cultures nous séparent ou que si nos croyances se guerroient… on s’est appris l’amour aux bancs de la maternelle et on se doit la paix à l’âme…

Je me garde de parler de lui en espérant fortement de le trouver à la maison.
Edu ne la ferme plus et sa mère sourit de ses sottises… il n’a pourtant pas l’air sot…
Je lui demande ce qu’il fait et il me déballe un parcours pour le moins impressionnant de financier féru de la bourse! Je le taquine comme je peux et je me prépare à sa raillerie quand j’annonce que je suis toubib… Mme Ester se retourne complètement me regarder avec surprise et je sens le trouble saisir son fils sur le champ!

Devant ma confusion, Mme Ester me répond d’une simple moue à mi chemin entre le chagrin et le sourire… Edu me dit alors que David était médecin !

J’en crois à peine mes oreilles et je me lance dans des « ça alors ! » et des « eh ben ! » ! et n’en pouvant plus d’attendre, je leur demande si David est à la maison...

Ils ont d’un coup du mal à parler et Mme Ester en particulier semble couver un mal qui risque de l’étouffer !

Eduardo attend de se garer pour reprendre de la force et du courage pour m’annoncer… que David est mort il y a 2 mois…

13 commentaires:

Anonyme a dit…

oh wayliii je suis désolée!
mince c'est trop triste, j'en suis vraiment touchée!
j'ai lu les 2 précédents épisodes et je ne m'attendais vraiment pas à ça. c'est la première fois que je te commente et c'est pour te dire que je compatis
courage :(

Anonyme a dit…

Ne te reproche rien, ne culpabilise pas de vivre, et Surtout ne te réjouis pas de mourir d'aucune manière. la mort d'un amour m'a déjà emmurée...
Proust avait dit "le bonheur est salutaire, mais c'est le chagrin qui développe les forces de l'esprit". permets lui de continuer d'exister à travers ta douleur, tes larmes, ton amour pour lui, tes écrits, et par dessus tout la force de ton sourire.
Vraiment navrée waaayli...

une fan de plus

Anonyme a dit…

Si je m'y attendais :-((
je préfère les happy end moi snif

Anonyme a dit…

De simple humain le voilà roi. Ses mânes dérogent aux règles de bienséance et reviennent vers TOI...Leur toit... D'entre toutes ces myriades agitées, son âme t'a reconnue malgré le temps. Sans l'ombre d'une hésitation et avide de cet amour d'enfant, sans ces scrupules que vous ne connaissiez pas, elle a fondu vers ton asile le coeur confiant et sûr de ne point être rejetée. Tu l'as ressuscité à sa mère à ton insu, sans peur et sans reproche !
Please, fais en de même avec moi lorsque je serais "parti"... Si C toi, j'accepte d'être exhumé avec humour... On causera de Là bas plus que d'ici !

Hamil al amani a dit…

Toutes mes condoléances, attristées et sincères.
"Non, rien n’est si triste que la mort d’un amour.

La solitude point à la tombée du jour,

Le soleil flamboyant se couche sur la mer,

Nimbant de ses lueurs ton chagrin doux amer".

Anonyme a dit…

C'est quoi ces commentaires ?!

Quand j'ai lancé hier le billet, je trouvais que la plume de Waaayli a muris et prend plus confiance en elle.

Et voilà que tous ces lecteurs considère que l'auteur n'a forcement aucune imagination et qu'elle ne peut publier que du vécu, aussi bien exprimé soit-elle.

Vous doutez tant que Waaayli ne peut pas créer ?!

Anonyme a dit…

C'est pas fini, la queue de poisson s'en vient, tu réserves quelque chose.
Mwah
Loula

Anonyme a dit…

j'ai mal au ventre..
je suis mal..
j'espère que ce n'est qu'une nouvelle!

Hamil al amani a dit…

@7didane
Pour moi, c'est du vécu et rien ne vaut la sincérité du vécu. Cela n'enlève strictement rien au talent de l'auteure, ni à la maturité de son écriture. Contrairement à toi, certains n'ont pas honte d'égrener leurs souvenirs d'enfance

Anonyme a dit…

Pourquoi on considère toujours que la femme ne peut écrire que du vécu. Alors que l'homme est félicité pour son imagination débordante ?

Un vaste sujet ...

Anonyme a dit…

7Didane, qui te parle de vécu ? Tu es têtu ! Ce que l'on lit ici souvent dépasse, dans notre ultime étincelle de mémoire vive d'avant le naufrage somnifère de chaque soir, tout ce qui s'est imprimé de ce "vécu officiel" à l'état d'éveil... Lire pour s'endormir sans s'oublier. Waaayli a dû d'abord passer de l'autre côté de l'éveil pour oublier le réel et ensuite nous revenir avec ses présents de voyage... Elle nous trouvent enseveli(e)s sous les coms as usual de notre fumeux 7Didane avec sa tétine en titane...

Anonyme a dit…

@Yugurta
Si tu considères que Hamil n'est personne, alors oui personne n'insiste sur le vécu :D

Relis les commentaires. Tout le monde sous-entend que Waaayli est dépourvu d'imagination et ils ne lui reconnaissent que le talent de la mémoire et de mettre des mots cote à cote avec le dictionnaire des synonymes à coté.

Waaayli a de l'imagination :D

vincent a dit…

Eh bé!!! tu l'as manqué de peu!!
Allez!! souris moi un peu.