dans ce salon, que de mets de mots sans maux du je... la douce brise le ton orageux, mais sans tonner... ce n'est que du jeu..
mercredi 8 octobre 2008
A l'enfance de mes amours... (2)
Je passais l’autre jour par cette rue et je me suis arrêtée aux fenêtres grillagées de la garderie… les jouets vieillis et la peinture écaillée n’enlevaient rien à l’éclat de l’image que me renvoyait quelques carreaux de verre dépoli… moi petite, atteinte d’oreillon et exilée chez moi pendant un mois… dès que je commençai à mieux me porter j’imposai à Zahra de me conduire à l’école chaque jour en fin d’après-midi pour voyeuriser, à travers ces mêmes carreaux, les récréations de mes camarades et la solitude de David… je ne me rappelle pas de mon retour…
Les fêtes où j’étais sa princesse, où je passais par la Lorraine avec mes sabots et qu’il faisait mon petit indien… les jours où, dans la cour de la garderie, le facteur n’était pas passé, d’ailleurs on se disait bien qu’il ne passerait jamais, et ceux où ce petit blond de polonais, dont je ne retenais pas le prénom faisait l’ogre de la récré, avec son sandwich de poivron vert et venait m’embrasser de force sous le hululement garnemental :
« Allez ! Laisse le te faire un petit bisou ! C’est ton ami ! » Disait la douce Amina…
Pas étonnant que la notion d’amitié soit des plus ambiguës dans ma tête !
Tout ça c’est bien loin…
Il s’est passé du temps depuis… l’eau coulée sous le pont a métamorphosé la face perlée d’Oum rabi3 et se sont succédées années sèches et temps meilleurs… El Jadida s’armait de ciment et d’autoroute pendant que je me bâtissais une personnalité, une vie…
Je n’ai jamais compris la raison pour laquelle le souvenir de David persistait, frais et intense dans ma tête… je ne parle pas de cœur, parce qu’en scientifique je sais maintenant où se niche l’émotion… ce fût certes mon baptême de feu, ma licence d’amour et mon permis de rêve mais ce n’était pas ça… je l’oubliais des années pour m’en rappeler des moments de remue-ménage dans mon esprit ou de grand ménage dans ma chambre quand mes vieux albums me souvenaient ses longs cils sur des photos de fête… moi en lapin jaune et lui en cow boy…
Au lycée, j’ai choisi l’espagnol comme deuxième langue et je ne n’ai jamais détesté de juif…
David est plus qu’un souvenir…
J’aperçois souvent Rokaya avec ses gosses et à chaque fois elle me serre si fort que je me demande si je n’avais pas imaginé sa méchanceté jadis ! Amina je l’ai vu moins et Martine ne me reconnaît plus… je ne vais pas la voir non plus… à chaque fois que je la croise j’ai le même sourire en coin qu’elle doit forcément lutter contre son éventuel Alzheimer et sa myopie pour le décoder !
Sara a quatre gosses ! Quand je la vois j’ai presque envie de l’appeler M’dame ! et Karim mon petit camarade que j’ai retrouvé pendant tout le primaire est parti à l’étranger tout comme Jean Luc qui se curait le nez et nous demandait, avec une curiosité scientifique, ce que pourrait bien être la composition de sa morve ! Lui, je suis heureuse de ne plus le croiser !
Il y a comme des fous rires qui flottent en l’air ! C’étaient là les premiers souvenirs de mon vivant et à me les rappeler j’ai l’esprit purgé et l’âme rajeunie… c’est essentiellement pour ça que je reste enfant…
Emportée, alors, par ce vent de nostalgie, je m’en vais déambuler dans les rues d’El jadida, pour prendre, sans grande surprise, le chemin de mon ancien quartier… j’habitais tellement près de la garderie que Monsieur Cellier me ramenait souvent chez moi quand Zahra s’oubliait dans un radotage ou flirtage à l’autre bout de la rue…
Je m’approche de la garderie avec plein de sourires qui se bousculent pour sortir en premier quand j’aperçois une dame en noir… cette élégance là je la reconnais et ces yeux gris…
En joutant contre les défaillances légitimes de ma mémoire, je l’aperçois…
Il est grand, blond… beaucoup moins gras et super beau ! Je le reconnais, pourtant, aisément…
Edu la peste !
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13 commentaires:
Qui croirait que d'Agadir, les embruns d'El Jadida m'incitent au voyage ? Qui délierait cette langue prostrée entre les mots et déplierait mes malettes atrophiées par l'inertie ? Nulle autre plume que celle que tu caresses à en broyer son noir ! Continue Waaayli et je suis bon pour le biberon !
Je commence adulte à lire tes phrases pour finir à 4 pattes sur le tapis de souvenirs enfouis sous la hache de guerre... Certains te diront "laisse nous oublier en paix !" sans savoir que cette paix de bienheuraux, ils l'ont abandonnée en chemin dans leur traversée de tous ces desserts sucrés à en vomir. Entre tes lettres, je déguste le sel de mer et je respire l'iode du ciel... Qu'on me laisse donc bronzer sur cette plage et déambuler avec toi dans ces ruelles du Mellah... C si bon !
Oula Waaayli, tu vas nous faire la passe de la fin en queue de poisson? :-)
Mwah
yug: Mellah ça craint dans ma ville :))
pi arrête de commenter mes niaiseries de ta superbe prose! ça me file comme des jalousies morbides à chaque fois :)
retombe pas trop dans l'enfance, on risque de te perdre si tu remontes à la naissance :))
loula: je m'initie au suspens gallik :)
la fin est à venir :)
Waaayli,
Iwa initie-toi :-), mais fais durer un peu kamême :-)
Mwah,
Loula
ça dure ça dure! plus c'est long à venir plus c'est bon :))
J'imagine tes yeux briller en te remémorant la garderie de Monsieur Cellier. Non, je ne l'imagine aucunement, je le ressens et j'en ai même un petit souvenir même si je donnais l'impression de loucher à droite ;)
Très beau texte ma belle, et ce n'est pas pour honorer notre pacte! :)
j'ai toujours adoré les remontées du col de la mémoire...très jouissif comme randonnées
ton écriture évolue vers là où ma lecture ovule...j'entends déja le râle du plaisir
kb...quand évolution et ovulation font synonyme
juste au cas où tu ne l'aurais pas compris (parait que je suis très hermétique dans mes élans communicationnels...mais je me soigne)c'était que des compliments dans le comm précédent :)))
kb...l'hermite tique qui parfois devient teigne
houda: oui oui contente toi de loucher à droite! moi j'aurai bientôt la bague au doigt... ou du moins UNE bague... et pas n'importe laquelle! tu le sais bien :))
merci ma belle! et tu sais que malgré le pacte je ne puis te mentir :)
kb: tu étais où toi? tu fais les 6 jours de chawal aussi?
je sais reconnaître le compliment de la complaisance même quand je doute de mes compétences :))
j'espère te faire jouir encore et encore :))
@waaayli
Je t'envie ton enfance, tes souvenirs pétris de douce innocence, de bisous en cour de récréation et de bonbons acidulés aussi, je suppose. Moi, je souffre d'une mémoire occultée par un garde-chiourme qui a enseveli à jamais toute tendre réminiscence au fond d'une oubliette, dans un puits sans fond. Ne transparaît de cette enfance oubliée que ce croquemitaine de l'école Balafrej de Rabat(de son vrai nom école Guessous)où mes parents m'avaient envoyé à l'internat à l'âge de cinq ans, par élan patriotique, tenant d'une main une longue baguette d'olivier,de l'autre la falaqa et me postillonnant dans la figure en vociférant:"Ma 7afedch al qor'ane? 7amlou al kalb". Bienheureuse waaayli!
@hamil
Continue ... parle. Ca te soulagera ...
Comme a prévu Freud, sans doute ton ami, l'age de 5 ans est crucial et forge une vie :D
habib: oh oui! :))
chez Cellier c'était le paradis des enfants!
on m'avait mise dans une école avant mais j'ai pas tenu une semaine!
je compatis :))
7didane: on ne sait rien de tes 5 ans à toi :))
@ Waaayli : (commentaire non autorisé je sais mais je suis féré et féru de ton oasis en black & white...laisse moi donc me péter la tétine au silicone bisque le biberon est désespérément vide..)Je retombe pas en enfance, j'l'ai jamais quitté à ce que je vois même si je me prenais pour un adulte bête et méchant... Salut KB, tu nous as manqué... C curieux d'ailleurs que je dise ça...
7Didane, si notre ami HAMIL accouche de ses douleurs, on va tous se mettre à pleurer... de peur bisqu'on a commencé par le dessert à 5 ans pour se taper la salade vinaigrée à 25...
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